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Mon Cinquième...

Le bas de la rue Monge, vers Saint Médard, où demeure ma marraine (également bonne fée), dont nous célèbrerons bientôt les quatre-vingts printemps, la rue Malebranche, où grandit l’un de mes plus anciens amis, la rue Xavier-Privas, où l’on trouvait quand j’avais 20 ans, un mémorable restaurant de couscous à portée de bourse, la rue Soufflot et le vent dans le micro de Malraux ce jour où il accueillit au Panthéon « le pauvre roi supplicié des ombres », la rue Mouffetard et le théâtre où j’ai créé « Causerie » et joué pendant deux mois « Paris la Grande », la rue des Fossés Saint Jacques et son restaurant alternatif où je faisais le marmiton-serveur et où il manquait toujours quelque chose en cuisine pour confectionner le plat du jour, la Maube et son magasin de « Magie Moderne », la Mutu et ses meetings grondants et chantant, le quai de la Tournelle, l’institut du Monde arabe, l’un des rares bâtiments modernes que je sois heureux de montrer à des étrangers qui découvrent Paris, la rue des Fossés Saint Bernard, où perche l’un des restaurants que n’atteindront jamais les folies narcissiques du « manger léger », cette colline des savants qu’on appelle la Montagne Sainte Geneviève et qui s’étend presque jusqu’au Luxembourg… Saint Etienne du Mont, son jubé, sa lumière, Saint Julien le Pauvre, les voix, qui s’y sont fait et qui s’y font entendre, le calme de son jardin à certaines heures, le petit temple de la rue Pierre Nicole, la synagogue de la rue Vauquelin qui fit tant pour l’intégration des immigrés d’Europe centrale au début du XXème siècle, la Mosquée de la rue Geoffroy Saint Hilaire, le plus ancien lieu de culte musulman construit en Europe, et au cœur de la ville…

Les Arènes où les uns jouent aux boules tandis que les autres s’exercent à la viole de gambe ou à la flûte à bec et qui datent « du temps où Paris s’appelait Lucette », comme le soutenait un écolier de la rue Buffon dont Gavroche devait être le cousin ; la rue Linné, où nous fêtâmes les quarante ans de Georges Pérec, du temps où Jean-Marie Lustiger dirigeait l’aumônerie de la Sorbonne (deux souvenirs sans rapports, comme Perec les aimaient).Cette drôle de place Jussieu à qui il ne manque pas grand-chose pour être agréable et accueillante, la tour Zamansky, première des horreurs verticales que les « trente glorieuses » ont dressées dans Paris.. Jussieu et tous ces mensonges sur l’amiante, le boulevard de Port Royal et son aménagement imbécile, le Boulevard Saint Marcel et son aménagement criminel…

La rue Royer Collard, où l’on peut entendre en passant, derrière des volets clos, répéter un de nos plus grands pianistes, dans son studio du rez-de-chaussée, le boulevard Saint Michel et le premier « Petit journal », la librairie du Québec et le collège des Irlandais, un certain marchand de thé et plusieurs marchands de vin, le cinéma de l’Epée de bois et le marché de la place Monge, la rue Champollion, et le Musée de Cluny. Le jardin des plantes et ses animaux tristes. (En tout cas, pensifs : longtemps un dromadaire observa les usagers de la RATP à l’arrêt de l’autobus 24 quai Saint Bernard). Et le socle de la statue de Montaigne, rue des Ecoles, sur lequel on lit : « Paris a mon cœur dès mon enfance ; je ne suis Français que par cette grande cité surtout incomparable en variété ; Je l’aime jusque dans ses verrues et dans ses taches. » Je n’oublie pas que le devoir d’un maire est d’éradiquer les verrues et de nettoyer les taches. Cela ne peut advenir qu’en faisant naître de nouvelles raisons d’aimer cette ville et en veillant à ce qu’elle soit habitable pour chacun et pour tous...

Philippe Meyer

Tags : cinquième, philippe meyer, modem, marielle de sarnez, bayrou, culture

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